Douane siamoise (1688) |
Ceux qui ont lu la seconde édition de L'Enfer de la flibuste auront probablement remarqué qu'un groupe de neuf hommes avaient quitté le capitaine Franc Rolle aux Galapagos à la fin de l'année 1689, et qu'ils avaient traversé le Pacifique pour ensuite se disperser en Asie du Sud-Est et en Inde, sans que nous puissions savoir ce qu'ils y avaient fait et comment s'était déroulé leur voyage. Ça ne m'avait pas réellement sauter aux yeux, avant que je n'entreprenne la rédaction du texte que je présente ici, mais ces neuf flibustiers furent quand même les premiers Français, en tant que groupe, à traverser, d'est en ouest, la grande « mer du Sud ». Certes, les Espagnols, bien évidemment, mais aussi les Anglais et les Néerlandais, l'avaient fait bien avant, ce qui diminue beaucoup l'importance de cette première... Cependant, j'ai toujours pensé qu'il aurait été interessant d'en apprendre davantage sur ce qui leur était advenu après... après être sorti de ce que Frantz Olivié a appelé « L'Enfer de la flibuste ». Et l'année dernière, au hasard d'une bête recherche, j'ai trouvé dans les archives de la compagnie des Indes néerlandaises la copie d'une lettre de deux missionnaires français, et cela m'a lancé sur une nouvelle piste. J'ai ainsi commencé à lever un peu le voile sur les aventures en Asie de ces neufs hommes, surtout celles d'un certain Antoine de Chazelle. Ici, le lecteur ne doit pas s'attendre à des choses très exceptionnelles, et à dire vrai, il n'est plus question de piraterie, mais de l'intégration d'un ancien flibustier dans les réseaux commerciaux asiatiques, avec en prime quelques considérations d'ordre matrimonial. D'autre part, j'ai profité de l'occasion qui s'offrait, compte tenu du sujet principal, pour faire une revue sommaire des traversées du Pacifique entreprises par des flibustiers de 1685 à 1705.
Le texte qui en a résulté ne me satisfait toutefois qu'à moitié, parce que d'une part j'ai voulu y inclure tout ce que j'avais découvert — ce qui n'est pas nécessairement la meilleure des idées car, parfois, je l'avoue, c'est plus ou moins intéressant —, et parce que d'une autre, il a bien fallu que je mette en contexte plusieurs éléments qui m'étaient plus ou moins familiers. Comme j'ai d'autres projets en chantier, lesquels (je l'espère) seront plus achevés que celui-ci, j'ai décidé de livrer au lecteur dans l'état où elles sont mes « notes de recherche » sur ces neuf flibustiers. Et ce sont des notes volumineuses puisque l'ensemble compte environ 35 000 mots, incluant les autres notes, celles de bas de page, qui sont conséquentes, et que je peux me permettre, lorsque je publie ici, d'utiliser avec prodigalité, toujours avec ce même objectif en tête : faire preuve de transparence quant aux sources que j'utilise et permettre ainsi plus facilement, à ceux qui le souhaitent, de corroborer mes propos. Les voilà donc ces fameuses notes de recherche, sur lesquelles j'ai travaillé pendant plus de six mois, épisodiquement bien sûr :