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19 septembre 2016

Charte-partie de l'amiral Morgan, en 1669

« Les paroles s'envolent, les écrits restent. » Les flibustiers, entrepreneurs de guerre, connaissaient bien en affaires la supériorité de l'écrit sur la parole, même s'ils ne savaient pas tous lire et écrire. Outre la commission qui les autorisait à prendre sur l'ennemi du moment, le document auquel il attachait le plus d'importance était la charte-partie, ce contrat qui réglait entre eux et leur capitaine le détail du voyage à venir. Contrairement à la commission, qui était souvent enregistrée auprès d'un greffier au départ du port, la charte-partie était un document de nature essentiellement privée, qui ne devenait public qu'à l'occasion de rares poursuites judiciaires impliquant les contractants. C'est pourquoi, sans doute, peu de charte-parties de flibustiers ont survécu jusqu'à nos jours. En fait, dans de petites sociétés de quelques milliers de personnes comme celles des colonies de la Jamaïque et de Saint-Domingue au 17e siècle, tout capitaine flibustier devait tenir parole et respecter sa signature ou la marque qui en tenait lieu au risque de ne pas faire une très longue carrière.

C'est l'une de ces chartes-parties que je me propose ici d'analyser. À bien des égards, il s'agit d'un document exceptionnel, car, à ma connaissance, c'est la seul contrat d'armement conclu entre plusieurs capitaines flibustiers et leurs compagnies respectives qui soit parvenu jusqu'à nous. Et elle concerne le plus fameux des flibustiers, Henry Morgan.

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R.L.

18 septembre 2016

Les flibustiers en mer du Sud, 1686-1695

La semaine dernière est paru, aux Édition Anacharsis, un livre intitulé L'Enfer de la flibuste, centré autour de la relation anonyme d'un voyage à la mer du Sud fait par certains flibustiers de Saint-Domingue (1686-1690), formant la première partie du Manuscrit Français no. 385, conservée à la Bibliothèque nationale de France.

Ce n'est pas la première fois que ce très intéressant document est présenté au public. Il y a plus d'un siècle, Édouard Ducéré l'avait publié en deux parties, presque in extenso, dans le  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  et  arts de Bayonne (1894-1895). Plus récemment (2011), il a été traduit et publié en anglais par Peter T. Bradley dans son ouvrage The Last Buccaneers in the South Sea 1686-1695, avec certains documents espagnols provenant de l'Archivo general de Indias relatifs à cette affaire.

Outre une transcription de relation, L'Enfer de la flibuste se démarque de ces deux prédécesseurs en racontant l'ensemble du voyage en mer du Sud effectué par le capitaine François Rolles et de sa compagnie, de 1686 à 1695, en utilisant des sources d'archives souvent inédites, notamment l'échange de correspondance entre le capitaine Rolles et les autorités du district d'Acaponeta, au Mexique, durant le long séjour que les flibustiers y firent.

Je dois également souligner l'excellent travail de rédaction que Frantz Olivié a réalisé en établissant cette nouvelle édition de la relation anonyme, notamment le prologue du livre, le meilleur que j'ai pu lire sur les flibustiers depuis 20 ans, toutes langues confondues.

Enfin, par souci d'honnêteté et de transparence, je dois vous avouer, chers lecteurs, avoir collaboré à l'entreprise, à titre gracieux... mais surtout avec beaucoup de plaisir. Ma contribution s'est toutefois limitée à fournir à M. Olivié diverses transcriptions de documents espagnols que j'avais faites aux fins de mes propres travaux durant l'été 2015, et à partager avec lui mes constats quant à cette expédition particulière des flibustiers, et à leur histoire en général.


R.L.