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23 octobre 2011

Laurens De Graffe

Il y a quelques années, j'avais publié sur mon site (section «Figures de Proue») un texte intitulé Les débuts de la carrière de Laurens De Graffe (1674-1681): Quelques rectifications et nouvelles hypothèses. J'ai corrigé récemment ce texte à la suite de nouvelles découvertes que j'ai faites. Il est disponible à l'adresse suivante :
 Vous noterez que la nouvelle version de ce texte est maintenant en format pdf et non plus en html, et que son contenu ne peut ni être copié/collé ni imprimé, petites précautions prises depuis le pillage en règle dont j'ai été victime (voir la page d'accueil du Diable Volant).

13 mai 2011

Découverte des canons du capitaine Morgan?

À la fin de février dernier, lors d'une conférence de presse tenue à Panama City, une équipe américaine d'archéologues sous-marins annonçait avoir récupéré à l'embouchure de la rivière Chagres, au Panama, cinq canons qui pourraient avoir appartenu à l'un des navires de la flotte de l'amiral Henry Morgan. Cette équipe, dont les membres proviennent majoritairement de l'Institute of Nautical Archeology et du Waitt Institute, avait déjà exploré le site en 2008 et localisé ces pièces d'artillerie antiques. Cependant, à la suite de dynamitages effectués sur le récif par des pilleurs d'épave, les archéologues américains, avec l'accord de l'Instituto Nacional de Cultura, de la république du Panama, ont repêché l'été dernier ces canons pour éviter qu'ils soient irrémédiablement perdus. Les précieux artéfacts sont à présent sous la garde du Patronato Panamá Viejo, qui veille à la conservation des ruines de l'ancienne cité de Panama. Ils y seront traités et restaurés, puis étudiés à nouveau afin de déterminer s'ils appartenaient bien à l'un des cinq navires de l'amiral jamaïquain qui s'échouèrent sur un haut-fond à l'embouchure de la rivière Chagres le 12 janvier 1671.

En effet, ce n'est pas un seul navire, mais cinq qui ne purent se dégager de ce récif, et qui furent perdus à cause d'un fort vent du nord qui s'éleva ensuite. Ces bâtiments faisaient partie du gros de la flotte qui, sous la conduite de Morgan lui-même, venait de l'île Providence (aujourd'hui La Providencia, qui appartient à la Colombie), connue aussi sous le nom de Santa Catalina ou Sainte-Catherine, et que les flibustiers venaient de reprendre aux Espagnols le jour de Noël 1670. Morgan rejoignait devant la rivière Chagres les trois bâtiments qu'il avait envoyés après la prise de Providence pour s'emparer du fort San Lorenzo qui défendait l'entrée de cette rivière, ce que les 470 hommes qui les montaient, sous le commandement du capitaine Joseph Bradley, avaient réussi à faire le 7 janvier, soit le lendemain après leur arrivée.

La relation de la perte de ces bâtiments de la flotte de Morgan est décrite avec le plus de détails par Exquemelin, quoiqu'il y ait quelques différences entre les diverses éditions de son ouvrage. D'abord la version française (A. O. Exquemelin, Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes, Paris: Jacques Le Febvre, 1686, t. 2, p. 148) ne donne que deux navires perdus, du moins échoués, dont le vaisseau amiral de la flotte:
Morgan avec son vaisseau étant à la vue du fort, et y apercevant le pavillon du roi d'Angleterre, eut une telle joie qu'il voulut entrer dans la rivière avant que de reconnaître s'il n'y avait point de péril, et sans même attendre un canot qui venait au devant de lui, pour l'avertir qu'à l'entrée de cette rivière il y avait un rocher caché sous l'eau. Il ne manqua pas d'y toucher, lui et un autre vaisseau, et dans le temps qu'il voulait se retirer, il survint un vent du Nord qui éleva la mer et fit crever son navire qui échoua, sans toutefois perdre un seul homme.
Cependant, l'édition anglaise du même ouvrage (A. O. Exquemelin, Bucaniers of America, Londres: William Crooke, 1684, partie 3, pp. 29-30), augmente à quatre le nombre de navires perdus:
He carried with him all the prisoners of the island, and thus set sail for the River of Chagre, where he arrived in the space of 8 days. Here the joy of the whole fleet was so great when they spied the English colours upon the castle, that they minded not their way into the river, which occasioned them to loose four of their ships at the entry thereof, that wherein Captain Morgan went, being one of the four. Yet their fortune was so good, as to be able to save all the men and goods that were in the said vessels. Yea, the ships likewise had been preserved, if a strong Northerly Wind had not risen in that occasion, which cast the ships upon the rock above-mentioned, that lies at the entry of the said river.
Dans le rapport officiel de son expédition daté du 30 avril 1671 (TNA CO 1/26, no. 51), Morgan, plus prosaïque, déclare:
January, the 2d [selon le calendrier julien], I arrived with the whole fleet and understood that the enemy lay with forces to endeavour the retaking of the Castle. Whereupon I gave orders to the fleet to follow me into the harbour, but had the ill fortune to be cast away the ship that I was in and 4 more, but saved the men.
Nous comptons ici pour exact le nombre que donne l'amiral jamaïquain. D'ailleurs, les Espagnols eux-mêmes confirment ce nombre de cinq navires flibustiers qui sombrèrent devant la rivière Chagres. C'est le cas notamment d'une lettre rédigée à Portobelo le 4 avril 1671, qui tomba entre les mains de François Trébutor, l'un des capitaines français qui accompagnaient Morgan. Cette lettre qui fut traduite en français par ordre du sieur de Baas, le lieutenant-général des Antilles françaises, lequel l'expédia au ministre Colbert (FR CHAN MAR-B7 207, ff. 78-84), rapporte:
...à Chagres [Morgan] perdit sa capitane et quatre autres vaisseaux, et quatre autres qu'ils avait encore perdus, savoir: deux à Sainte-Catherine et deux à la sortie de l'île des Mosquitos.
Pour compliquer encore les choses, un certain William Fogg, officier subalterne de l'expédition, qui fut vraisemblablement l'un des premiers à témoigner à la Jamaïque du succès remporté à Panama, déclare (Calendar of State Papers, Colonial Series: America and West Indies, 1669-1674, no. 483), la perte de non pas cinq bâtiments, mais de sept :
A week after Admiral Morgan came up, and at the entry over the bar the Admiral, which had been retarded by contrary winds, and six small vessels were cast away and 10  men drowned.
L'un des officiers de la flotte jamaïquaine. un marin hollandais nommé Jan Lucas prétend, quant à lui, que six navires furent perdus à cette occasion. C'est du moins ce qu'il déclarait plus de deux ans après l'événement, le 19 octobre 1673, aux Espagnols auxquels il venait de se rendre (ES AGI México 48, R.1, N.39), incluant parmi les bâtiments qui sombrèrent celui-là même dont il était le premier officier marinier, lequel jaugeait seulement 16 tonneaux.

Toutes les sources s'accordent cependant pour dire que le navire-amiral de la flotte, monté par Morgan fut du nombre des bâtiments perdus. Il s'agissait d'une petite frégate de 120 tonneaux, qui, au moment de son naufrage était appelée The Satisfaction et qui était armée de 22 pièces de canon. Ce navire avait été à l'origine un corsaire de Saint-Malo nommé Le Cerf-Volant, qui fut confisqué à l'île à Vache en janvier 1669 par Edward Collier, vice-amiral de Morgan, sous prétexte que son capitaine nommé Vivien avait pillé auparavant un petit bâtiment de traite anglais venant de la Virginie. Au moment de sa capture par les Jamaïquains, cette frégate malouine avait comme artillerie dix-huit canons et six pierriers en fonte.

Pour de plus amples informations concernant l'expédition qui a mené à la découverte puis à la récupération de ces canons, nous vous invitons à consulter sur le site du Waitt Institute (http://wid.waittinstitute.org/), les textes suivants:
De même, sur celui de l'Institute of Nautical Archeology (http://inadiscover.com/), autre partenaire de cette expédition archéologique:
L'Instituto Nacional de Cultura (http://www.inac.gob.pa/) présente, elle aussi, son propre compte rendu de l'expédition:
Enfin, l'on pourra aussi consulter le site du Patronato Panamá Viejo (http://www.panamaviejo.org/), organisme chargé de la conservation des ruines de l'ancienne cité de Panama, celle qui fut incendiée lors de l'attaque de Morgan, site que les Espagnols abandonnèrent alors pour rebâtir la ville (1673) à l'endroit où se trouve l'actuelle capitale du Panama.

R. L.

4 mai 2011

Ici et là sur le web

Depuis quelque temps déjà, la Canadian Association for the Advancement of Netherlandic Studies (en français, «Association canadienne pour l'avancement des études néerlandaises») rend disponible sur son site web la plupart des numéros de son Canadian Journal for Netherlandic Studies  en format pdf (http://www.caans-acaen.ca/Journal/issues_online/index.html). Voici les liens vers quatre articles touchant les flibustiers, dont un a été rédigé par votre serviteur en 2006 :



Je souligne également quatre autres courts textes plus récents de l'historien canadien Marley, traduit en français par son compatriote le professeur Kingstone, de l'université de Windsor, en Ontario, qui sont également disponibles en ligne sur le site de la Généalogie et Histoire de la Caraïbe, mais en format rtf cette fois :

  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Nau l’Olonnais à Maracaibo : un rapport espagnol, janvier 1667» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 217 (septembre 2008), pp. 5638-5639 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc217/som217.html
  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Trois flibustiers à déporter de Veracruz, juin 1673» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 221 (janvier 2009), pp. 5768-5770 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc221/som221.html
  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Un des premiers flibustiers : la déclaration de Jean Rais, 1657» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 226 (juin 2009), pp. 5908-5910 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc226/som226.html
  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Un survivant d’Antica : le témoignage oculaire de Jean de la Haye, Venezuela, 1657» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 230 (novembre 2009), pp. 6110-6113 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc230/som230.html
L'initiative des éditeurs de ces deux revues sera, à coup sûr, grandement apprécié par tous ceux qui manifestent un intérêt pour les flibustiers et leur histoire.

Nous vous rappelons de respecter les droits d'auteur afin que de telles initiatives soient possibles, et continuent de l'être.

R. L.

    17 avril 2011

    Voilà onze ans, lorsque j'ai mis en ligne Le Diable Volant, un site sur «L'époque, l'histoire, la vie et les moeurs des flibustiers, corsaires et pirates de la Jamaïque et de Saint-Domingue et autres lieux dans l'Amérique dans la seconde moitié du XVIIe siècle» (http://membre.oricom.ca/yarl/), j'avais créé une section intitulée La Gazette de la Flibuste, qui devait annoncer les mises à jour et les nouveautés du site.

    J'ai résolu de faire de cette section un blogue, car j'espère bien qu'il y aura quelques échanges «publics» au sujet des flibustiers avec ceux qui me liront. D'aucuns diront que c'est plutôt un forum que j'aurais dû créer. Enfin, l'on verra bien à l'usage.

    Ce blogue m'obligera aussi — autre voeu pieux! — de mettre à jour plus régulièrement Le Diable Volant, lequel ne l'a pas été depuis quatre ans, et bien montrer à tous les forbans de la littérature (car mon site a été plagié en intégralité) que je suis toujours actif.

    J'ai donc quelques idées de textes qui paraîtront d'abord dans ce blogue, et qui se retrouveront aussi sur Le Diable Volant. Je travaille donc en ce moment sur l'histoire d'un dominicain français qui fut bien malgré lui embarqué avec le fameux capitaine Laurens de Graffe, ainsi que sur celle d'un autre Français qui fut secrétaire particulier de Sir Henry Morgan.

    Je suis aussi occupé à la rédaction d'un petit ouvrage sur la carrière du capitaine jamaïquain John Coxon, lequel, s'il est publié, le sera dans la langue de Shakespeare, mais en aucun cas, il ne paraîtra sur le Web... par crainte de ce genre de forbans communément appelés «plagiaires». En fait, comme je travaille lentement, cela risque de prendre encore quelques mois... sans doute au grand désespoir de mon associé dans cette entreprise-là!

    De celui qui demeure, avec un profond respect,

    Votre très humble serviteur,

    R. L.