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05 mai 2022

« mea culpa » concernant Raveneau de Lussan

page de titre du journal de Raveneau

Dans mon texte intitulé Lorsque les flibustiers prenaient la plume : le dossier « Massertie », publié l'an passé dans la revue HISTOIRE(S) de l'Amérique latine, j'ai commis une légère erreur. En effet, à la page 2, note 6, de ce texte, j'y identifiais Raveneau de Lussan, auteur d'une relation de voyage en mer du Sud, comme étant « Hiérosme Raveneau, sieur de Luxan, bourgeois de Paris, décédé en 1716 ». Or, après quelques vérifications, il apparaît que ce personnage ne peut pas être le flibustier Raveneau, mais plutôt son père... bien que je doive demeurer prudent en formulant cette nouvelle hypothèse... plus prudent que je ne l'ai été en prenant pour vérité ce qui manquait de corroboration! L'erreur m'apparaît d'autant plus importante que ma bévue se retrouve maintenant dans la notice de Raveneau de Lussan sur Wikipedia, et que l'un de mes collègues a utilisé ce renseignement dans l'une de ses publications. Reprenons donc l'affaire depuis le début.

Le nom complet du sieur Raveneau, qui servit sous des capitaines tels que Laurent de Graffe et François Grogniet, est inconnu, même si dans certaines notices biographiques (par exemple, celle du catalogue la Bibliothèque nationale de France) il est prénommé Jacques. Malgré les recherches que j'ai faites à plusieurs reprises, je n'ai jamais trouvé aucune source confirmant ce prénom. Cependant, il y a quelques années, j'ai découvert un document produit par un généalogiste français nommé Guillaume Pot, Familles BRILLON & SALMON : marchands drapiers, où il était question de Hierosme [autrement dit Jérôme] Raveneau, sieur de Luxan, bourgeois de Paris, décédé en 1716. Évidemment, puisque le nom de lieu Luxan est une variation de Lussan — ce que j'ai pu constater dans d'autres documents que j'ai pu consulter sur Geneanet, et notamment des actes notariaux originaux ou des dépouillements de ces actes —, je me suis dis, voici notre flibustier! Cela paraissait plausible. En effet, ce Hierosme Raveneau avait épousé, en 1703, Geneviève Brillon, dont il avait eu un fils prénommé Charles Hiérosme né l'année suivante.

C'était trop beau pour être vrai. En effet, il y a quelques jours, en consultant les pièces originales du Cabinet des titres, provenant des anciennes archives de la Chambre des Comptes, Ravelin-Ravignan (BnF Français 28923), je me suis rendu compte de ma méprise. Ledit Hierosme Raveneau sieur de Lussan n'en était pas à son premier mariage. Avant son union avec la demoiselle Brillon, il était déjà veuf (depuis 1701) de feue Geneviève Belin, qu'il avait épousée, également à Paris, en... 1658. Or, à supposer qu'il ait eu au plus 20 ans en 1658, il aurait eu près de 40 ans en 1677, lors du siège de Saint-Ghislain, dans les Flandres, auquel Raveneau de Lussan le flibustier dit avoir participé alors qu'il était très jeune, encore à la charge de de ses parents.

L'affaire ne s'arrête pourtant pas là. Hierosme Raveneau, sieur de Luxan, eut aussi un fils de sa première épouse, la demoiselle Belin, prénommé Hiérosme comme son père. Ce second Hiérosme Raveneau, décédé avant son père le sieur de Luxan, soit avant 1716, pourrait-il être notre flibustier? Il laissa trois enfants de son union avec une certaine Françoise Boutillier, lesquels sont qualifiés de mineurs au décès de leur grand-père paternel. À cette époque la majorité étant fixée à 25 ans, l'aîné de ces trois enfants serait donc né au plus tôt vers 1691, vraisemblablement beaucoup plus tard. Par conséquent, le mariage de leur père avec la demoiselle Boutillier aurait été célébré dans les dernière années du XVIIe siècle, soit après le retour de Raveneau le flibustier en France. Il serait vraisemblable — notez le conditionnel — que ce dernier et Hierosme Raveneau fils soient un seul et même homme. Dans tous les cas, il y a une relation évidente entre le flibustier qui se faisait appeler Raveneau de Lussan, originaire de Paris, et cette famille Raveneau de Luxan, également de Paris.

Avant de conclure ce mea culpa touchant Raveneau, je souligne ici qu'un exemplaire de la première édition de son livre a été récemment mis en ligne sur Gallica. Cette édition, fort rare comparativement à celles suivantes de 1690, 1693 et 1705, fut achevée d'être imprimée le 22 septembre 1689 sur les presses de Jean-Baptiste Coignard, imprimeur ordinaire du roi.

10 mars 2022

Notes de lecture : Les aventures du capitaine Montauban

Couverture du livre

Histoire du sieur de Montauban, capitaine flibustier : Course, traite et littérature
Texte présenté par Maxime Martignon
112 pages (12,5 x 20 cm)
Toulouse: Éditions Anacharsis, 2021
ISBN : 9791027904198
http://www.editions-anacharsis.com/Histoire-du-sieur-de-Montauban-capitaine-flibustier.


La première fois que j'ai lu la relation du capitaine Montauban aux Antilles et en Guinée contre les Anglais, c'était il y a longtemps (au siècle précédent), dans une édition de poche, moderne et tronquée (parue chez J'ai Lu), de l'Histoire des avanturiers flibustiers qui se sont signalez dans les Indes (1699), la seconde version française du livre d'Exquemelin. Elle avait d'abord été publiée à Bordeaux, dès 1697, sous le titre Relation du voyage du Sieur de Montauban capitaine des filbustiers en Guinée, dans l’année mil six cens quatre-vingt-quinze; avec une description du Royaume du Cap de Lopes, des moeurs, des coûtumes & Religion du Païs. C'est cette version originale (écrite à la première personne du singulier, contrairement à celle figurant dans le livre d'Exquemelin), dont il ne reste qu'une poignée de copies, que les Éditions Anacharsis ont choisi pour leur nouvelle édition du singulier récit du flibustier Montauban... nouvelle édition, car déjà en 2001, cette maison d'édition avait publié une première mouture en se basant sur l'édition parue à Amsterdam en 1698, quasiment identique à quelques mots près au demeurant. Cette fois, Anacharsis a confié à Maxime Martignon le soin de présenter, commenter et annoter la relation de Montauban, et c'est ce qui fait toute la différence.

Maxime Martignon, récemment gradué docteur en histoire moderne (Université Gustave Eiffel), « attaché temporaire d'enseignement et de recherche » à l'Université d'Orléans, en est venu à s'intéresser aux flibustiers, par une voie quelque peu détournée, mais pas moins intéressante pour autant. Son domaine d'études est, en effet, beaucoup plus vaste puisqu'il recoupe à la fois l'histoire littéraire, celle des imprimés français de toutes sortes relatifs aux voyages, expéditions et conquêtes publiés au XVIIe siècle, et celle des réseaux savants qui, à l'époque, eurent une part non négligeable dans la diffusion et la critique de ces ouvrages. Dans son introduction, il retrace correctement en s'appuyant principalement sur des documents provenant des Archives nationales d'outre-mer et des Archives départementales de la Gironde, les voyages que Montauban effectua en Amérique et en Guinée avant celui qui fait l'objet de sa relation, et qui se termina dramatiquement. J'écris « correctement », parce qu'il y aurait eu encore des choses à dire quant à ces voyages en utilisant d'autres sources (anglaises, espagnoles et portugaises) comme Jacque Gasser l'a fait dans son Dictionnaire des flibustiers des Caraïbes, dans la notice (p. 345-354) qu'il consacre à ce capitaine. Martignon poursuit son introduction en étudiant la relâche de Montauban en France en 1694, particulièrement son long séjour à Bordeaux, d'où il devait appareiller pour son dernier voyage. Pour bien illustrer son propos, il a d'ailleurs annexé à la relation du flibustier le procès-verbal de l'adjudication de prises anglaises que ce dernier mena à Bordeaux à cette occasion. Enfin, il conclut cette introduction par un intéressant constat : le flibustier, par ses activités de pillage, était aussi l'un des pourvoyeurs d'esclaves d'une colonie. Cependant, là où Martignon se distingue, c'est bien dans sa postface où il raconte l'histoire de la publication de la relation de Montauban, et aussi comment cet ouvrage fut perçu par les élites parisiennes.

Bref, un petit récit d'un flibustier, certes déjà divertissant en lui-même, mais ici sobrement et brillamment mis en contexte. Oui, il est toujours possible de lire gratuitement certaines des premières éditions de récit sur Gallica, Internet Archive ou Google Books. Oui, mais là... vous n'aurez pas droit à plus!

25 février 2022

Pour les plus vieux... et les plus jeunes

Archéologie de la piraterie

J'ai toujours eu un profond respect pour le travail des archéologues... sûrement parce qu'enfant (il y a longtemps déjà), parmi d'autres professions, celle-là me faisait rêver plus que les autres.

Prenez Jean Soulat, archéologue au Laboratoire LandArc, chercheur associé au Centre Michel de Boüard de l'Université de Caen Normandie. Sur le terrain, il a dirigé l'équipe qui a effectué en novembre dernier des fouilles sur l'épave du Speaker, le navire du pirate anglais John Bowen, coulé à l'île Maurice en 1702. Sa prochaine mission aura lieu ce printemps, cette fois à l'île Sainte-Marie, à Madagascar, fameux rendez-vous des flibustiers dans l'océan Indien depuis 1690, où des prospections seront effectués sur terre et en mer. Par la suite, il retournera sur l'épave du Speaker.

Pour en savoir plus sur ce brillant jeune archéologue et son domaine d'expertise particulier (l'archéologie de piraterie), vous pouvez écouter l'émission du 5 février dernier de Carbone, 14, le magazine de l'archéologie de France Culture, dont Jean était l'invité.

Jean est également président de l'association Archéologie de la piraterie, qui regroupe d'autres archéologues et des chercheurs de diverses disciplines. Vous pouvez d'ailleurs suivre les expéditions archéologiques de son équipe dans l'océan Indien sur la page facebook de l'association.

Hormis les articles scientifiques et les rapports de fouilles auxquels on doit s'attendre de tout archéologue, Jean a commis récemment un amusant petit livre adressé aux enfants, qu'il a lui-même illustré. Le jeune lecteur partira ainsi à la rencontre des pirates à travers les histoires contées par le fictif Capitaine Barbe-Grise. Ce personnage l'éclairera de manière humoristique sur la vie des pirates aux XVIIe-XVIIIe siècles à travers les archives, l'histoire et les découvertes archéologiques. Ici, on partira des clichés pour gommer les idées reçues en tournant les pages de ce livre : du trésor caché imaginaire aux enfants pirates. Au programme, perroquets, femmes pirates, célèbres flibustiers et épaves archéologiques...

Capitaine Barbe-Grise: Lumière sur le mythe pirate (tome 1)
Textes et illustrations par Jean Soulat
30 pages (20 x 25 cm)
Samois-sur-Seine: ADLP Éditions, 2022
ISBN : 978-2-9581732-0-3
prix : 15,00 €

Le livre peut être acheté en ligne sur le site de la Librairie archéologique, ou directement auprès de l'éditeur en remplissant un bon de commande. Les fonds récoltés serviront à financer les recherches archéologiques sur les pirates via l'association Archéologie de la Piraterie.

Pour avoir une meilleure idée de son contenu, en voici quelques pages : https://diable-volant.github.io/flibuste/blog/barbe-grise.jpg.

01 février 2022

Notes de lecture : revue Histoire(s) de l'Amérique Latine

Histoire(s) de l'Amérique Latine

Histoire(s) de l'Amérique Latine (HISAL)
Volume 15 : Le chemin des Amériques
10 articles (en français et en espagnol)
Nanterre: Association HISAL, 2022
https://hisal.org/revue/issue/view/29


Les revues savantes, peu importe le domaine d'étude, sont très souvent difficiles d'accès pour le public en général : il faut soit payer une souscription soit être abonné à une institution (généralement une bibliothèque) qui elle-même aura acheté une telle souscription. Lorsque l'on sait que la plupart de ces revues ne rémunèrent même pas les auteurs pour leurs textes (car publier dans une revue savante c'est souvent plus une question de prestige que d'argent), on peut se demander à qui tout cela profite. Est-ce parce que payer pour quelque chose rassure quant à la qualité du « produit »? Je ne sais pas. Quant à moi, j'estime que, si un auteur n'est pas payé pour le fruit de son travail, celui qui le publie doit rendre ce travail accessible à tous gratuitement. Je ne veux toutefois pas polémiquer là-dessus. Mon intention est de présenter ici, en quelques lignes, une revue savante, dont les éditeurs ont choisi cette voie de la gratuité, et il y en a de plus en plus. Avant d'aller plus loin, je dois toutefois ici prévenir le lecteur... et faire ce que l'on appelle, en jargon administratif et juridique, ma « déclaration d'intérêts » : l'an dernier, la revue dont je parle a publié l'un de mes textes. Voilà c'est fait!

Comme son nom l'indique, la revue Histoire(s) de l'Amérique Latine (HISAL) publie des textes relatifs à l'histoire de l'Amérique latine, mais dans une perspective très large englobant plusieurs disciplines, « qu’il s’agisse d’histoire politique, sociale, économique ou culturelle, d’histoire des idées ou des mentalités, de civilisation, de sociologie, d’anthropologie, d’ethnologie, d’art et de sciences ou de linguistique ». Pour sa quinzième édition, HISAL propose un dossier thématique intitulé « Le chemin des Amériques : explorations, collectes et interprétations ». Comme l'expliquent Pascal Monge et Riviale, dans leur introduction à ce dossier thématique : « Au-delà des frontières et des langues, une Europe savante a imaginé les Amériques et les a interprétées. Cette image est donc le résultat de visions différentes, issues d’histoires nationales, de valeurs culturelles, artistiques ou religieuses propres, et d’une présence coloniale – ou de son absence. » Ce sont ces interprétations multiples qui sont re-visités au fil des neuf textes composant le dossier thématique.

Tout cela n'a apparemment que peu à voir avec l'histoire des flibustiers. Peut-être, mais il faut savoir qu'à l'occasion, ces derniers ont aussi ramené de leurs pillages des objets qui se sont retrouvés dans les « cabinets de curiosités », ces collections privées formées par plusieurs érudits au XVIIe siècle, qui, en quelque sorte, préfigurent nos musées modernes. Dans son épilogue à L'Enfer de la flibuste (2021), Frantz Oivié montre, en effet, que quelques perles que certains Indiens de Californie rayaient pour en faire des parures, furent vendues par un flibustier revenant de la mer du Sud à un missionaire jésuite à Cayenne, et que ce dernier envoya ces « curiosités » en France à certains de ses correspondants, érudits comme lui.

15 janvier 2022

Henry Pitman, ou les rendez-vous de Salt Tortuga

Gravure frontispice de Robinson Crusoe (1719)
Gravure frontispice de Robinson Crusoe (1719)

Toute mauvaise chose, même les pires, ayant quelques avantages, ces temps incertains du « virus chinois » — car il faut bien appeler un chat, un chat, n'en déplaise à tous les bien pensants et les peureux de ce monde — sont une occasion rêvée de remettre certaines choses en question, de réfléchir, de découvrir.

Prenez, par exemple, la radio. J'adore la radio, surtout celle par laquelle on s'informe, on apprend des choses... sans la distraction de l'image. Malheureusement, dans mon pays, au fil des dix ou quinze dernières années, cette « radio parlée » (à ne pas confondre avec la talk radio) de qualité a quasiment disparue. Rare en effet sont les émissions radiophoniques canadiennes, qui ne prennent pas l'auditeur pour un simple d'esprit, ou qui ne font pas de la propagande quasi-soviétique des sujets à la mode. Bref, la radio parlée de langue française au Canada intelligente — celle qui invite à la découverte, au rêve, et surtout à la réflexion —, n'existe plus. Et n'en déplaise à mes compatriotes, j'ai l'impression de vivre chez les barbares, dans une société un peu, beaucoup inculte, tournée sur elle-même, avec son petit pain et ses petits jeux, ses petits problèmes insignifiants, et qui aime tant donner des leçons sur tout et sur rien, une société où toute humanité semble avoir disparue au profit d'un discours démagogique, haineux et ségrégationniste, qui augure très mal pour les années à venir. Suffit!

Donc, depuis quelque temps, j'ai délaissé l'écoute des ondes de mon pays pour me tourner vers celles de la « métropole », si l'on veut, celle de la France, comme je l'ai fait il y a quelques années pour la télévision. Je n'ai pas été déçu. Quel choix! L'amateur d'Histoire que je suis se trouve comblé. Parmi mes découvertes, et une qui, évidemment, concerne les flibustiers, je signale la série Une histoire de la piraterie, diffusée en quatre épisodes en 2019, dans l'excellente (mais défunte) émission La Fabrique de l'Histoire, sur France Culture.

Évidemment, comme dans tout, il a du bon et du moins bon. Récemment, j'ai écouté en rediffusion, cette fois sur France Inter, Henry Pitman, le vrai Robinson Crusoe. Il s'agit d'un épisode de l'émission Autant en emporte l'histoire, qui propose à chaque semaine « une fiction historique qui met en scène un personnage... réel ou fictif, pris dans la tourmente d’un épisode de l’Histoire ». Pourquoi me suis-je intéressé à cette émission? C'est parce que le chirurgien Pitman a rédigé un récit de ses mésaventures aux Antilles en 1686-1687, au cours duquel il a rencontré des flibustiers. Bon, je comprends que ce que j'ai écouté était pour l'essentiel une fiction (bien faite au demeurant), mais était-ce vraiment nécessaire d'inclure dans la dramatisation une esclave noire et un Indien, alors que le premier personnage ne figure même pas dans la relation de Pitman, et que le présence du second, dont on sait uniquement qu'il venait de la Floride, n'y est qu'anecdotique? Je passe sur cela, puisqu'il est maintenant de bon ton de se montrer « inclusif ». Ne sommes-nous pas les descendants ou héritiers de vilains et méchants esclavagistes et de « génocidaires »? Alors expions ces fautes sur l'autel de l'Histoire, une Histoire qui est plus que jamais politisée. Bref, je vois qu'en France comme ici, cette nouvelle inquisition intellectuelle s'est propagée plus vite qu'une mutation du virus chinois ou que les mesures « Big Brother » ou « néo-fascistes » des hypocrites qui nous gouvernent...

Mais je m'égare encore... venons-en à l'essentiel (de ma perspective d'historien spécialisé dans la piraterie), soit le traitement qui est donné, dans cette fiction de France Inter, aux flibustiers rencontrés par Pitman. On y met en scène le capitaine Jan Willems alias Yankey (que Pitman n'a jamais croisé), d'un pavillon noir arboré (bel anachronisme), et autres clichés. Donc, par souci de rétablir un peu tout ça, je propose ici un texte qui identifie les flibustiers rencontrés par Pitman, et à la lumière d'autres sources, ce qui s'est effectivement passé. C'est encore une autre primeur, puisque si le texte de Pitman est relativement connu (et qu'il a été récemment traduit en français), la partie qui se rapporte aux flibustiers n'a, elle, jamais été étudiée :

21 décembre 2021

Douce revanche... pour un rancunier

pavillon noir

Il y a environ vingt ans, lors d'un séjour en France, j'avais acheté un livre intitulé D'or, de rêve et de sang : l'épopée de la flibuste, 1494-1588, qui promettait d'être le premier d'une série racontant l'histoire des flibustiers. Or, la suite n'est jamais venue... Pourquoi? Parce que l'auteur fut peu après reconnu coupable de plagiat « partiel », comme le résume la professeure de littérature Hélène Maurel-Indart sur son site Plagiat.net. La victime fut Mickael Augeron, maître de conférences en histoire moderne et contemporaine à la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines de l’Université de La Rochelle.

Si le professeur Augeron fut le seul plaignant dans cette affaire, je doute qu'il ait été la seule victime... ou à tout le moins, si la série s'était poursuivie, il y a fort à parier qu'il y en aurait eu d'autres...

Le plagiaire, Michel Le Bris, est décédé l'année dernière, voilà environ un an. Écrivain prolifique, il a laissé derrière lui une volumineuse production littéraire... dont cet ouvrage litigieux. On peut légitimement se poser la question si pour feu M. Le Bris, chevalier de la prestigieuse Légion d'honneur, commandeur des Arts et des Lettres, ce plagiat n'était qu'une erreur de parcours... ou si c'était une habitude. On pourrait évidemment arguer qu'il a fait beaucoup pour la promotion de la littérature du voyage, qu'il écrivait bien, que c'était un homme engagé, qu'il était sympathique, voire « formidable » comme l'écrivait un lecteur indigné par le billet d'un blog dont l'auteur retenait, comme moi, de la longue carrière littéraire du défunt, son plagiat qui entachait l'ensemble de son oeuvre. Oui, on pourrait facilement dédouaner M. le commandeur Le Bris, mais moi, je n'ai ni l'intention ni l'envie de le défendre ici... et voici pourquoi.

Moins de dix ans après l'achat de ce livre, j'étais moi-même victime d'un plagiat d'une ampleur sans précédent : tout le contenu du Diable Volant, incluant des textes de mes correspondants Jacques Gasser et Roberto Barazzutti, fut entièrement copier et coller pour former l'essentiel, et plus de 90%, d'un livre publié encore par un soi-disant journaliste nommé Jean-Jacques Seymour. Cet individu-là a eu assez de culot pour copier le tout puis de le restituer tel quel dans son livre, jusqu'aux fautes d'orthographes, tout en prenant bien soin d'effacer les noms des auteurs légitimes des textes qu'il a piratés... et évidemment toute référence au Diable Volant.

Cela ne lui a pas suffi, puisqu'il lui fallait affirmer haut et fort la paternité de l'ensemble, ajoutant ainsi le mensonge au plagiat. C'est son éditeur qui s'est chargé de cette ultime bassesse :

« En 5 ans, [J.-J. Seymour] a travaillé près de 6 000 documents, s’est rendu sur les lieux des batailles à Cuba, à Saint-Domingue, dans les musées qui portent témoignages à Boston, La Havane, Paris, la Barbade, la Jamaïque. Il a pu consulter des archives inexploitées. Les Chemins des proies consacrent ces années de recherche en offrant une autre histoire de la flibuste. »

Pourquoi, ne les ai-je pas poursuivis, lui et son éditeur? Pour une simple question d'argent... car comme tout le monde le sait, la Justice a un coût. D'ailleurs, ni le plagiaire ni son éditeur n'avaient fait cas des courriels de protestation que je leur avais écrits à l'époque (novembre 2010) dès que j'avais été informé du plagiat. Un silence qui en disait long, tant sur l'un que sur l'autre, ce qui n'a pas empêché un professeur de littérature bien connu ici, de m'écrire pour se porter pathétiquement à la défense de l'éditeur.

Si le livre imprimé ne semble plus exister depuis longtemps, on peut encore en acheter une copie numérique dans les pays de langue française, dont le mien et la France. Et par hasard, il y a quelques mois, j'ai finalement mis la main sur une copie au format PDF du plagiat en question, et j'ai pu enfin, par moi-même, constater toute l'ampleur de cet acte de « piraterie », de ce grand « copier/coller » exécuté par un menteur, un usurpateur du travail d'autrui, un homme indigne d'être honoré pour son travail intellectuel! Une Légion d'honneur avec ça?

Alors je l'offre ici, gratuitement, au lecteur, parce que — je suis bien obligé de le dire — j'en suis le véritable auteur, bien malgré moi :

Le lecteur pourra aussi comparer son contenu avec celui du Diable Volant tel qu'il apparaissait en 2008-2009, vers le moment du plagiat, et se faire ainsi une idée par lui-même de l'étendu de ce dernier :

Pour le reste, je demeure prêt à croiser le fer avec le plagiaire ou ses complices, éditeurs ou libraires qui continuent de faire de l'argent sur mes travaux, à mes dépens... évidemment s'ils en ont le courage... car si la Justice a un coût, je suis convaincu qu'Elle n'est pas pour autant... aveugle!

17 septembre 2021

Notes de lecture : L'Enfer de la flibuste, seconde mouture

L'Enfer de la flibuste : page de couverture

L'Enfer de la flibuste : Pirates français dans la mer du Sud
Textes rassemblés et présentés par Frantz Olivié et Raynald Laprise
Édition augmentée
480 pages (12,5 x 20 cm)
Toulouse: Éditions Anacharsis, 2021
ISBN : 9791092011890
http://www.editions-anacharsis.com/L-Enfer-de-la-flibuste-2


Il y a cinq ans, j'ai collaboré à un livre intitulé L'Enfer de la flibuste. Cet ouvrage racontait les aventures en mer du Sud (autre nom de l'océan Pacifique) d'une centaine de flibustiers français, durant près d'une décennie (1686-1695), sous la conduite du capitaine François (alias Franc) Rolle, originaire de Flessingue, en Zélande. Il s'articulait autour d'une relation décrivant les premières années de cette expédition et formant la première partie du volume 385 du Fonds Français, du Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, relation alors toujours considérée comme anonyme, ou à tout le moins dont l'identité de l'auteur était encore sujet à spéculations, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui (ce que je démontrerai dans une future publication). Comme je l'écrivais à l'époque, ma contribution s'était limitée à fournir à Frantz Olivié, auteur et éditeur du livre, plusieurs transcriptions de documents espagnols que j'avais faites pour mes propres travaux, et à partager avec lui mes constats quant à cette expédition particulière des flibustiers.

Environ un an après la publication de L'Enfer de la flibuste, je mettais la main sur une relation inédite de ce voyage en mer du Sud, et tout aussi exceptionnelle que celle anonyme du Français 385. Elle avait été, elle aussi, rédigée par l'un des hommes du capitaine Rolle, mais contrairement à l'autre manuscrit, elle couvrait l'ensemble du voyage. Conservé à la Huntington Library, à San Marino, en Californie, sous la cote mssHM 58286, ce manuscrit s'intitule Extrait du journal de Me Charles, Dieppois, flibustier, sur son voyage dans la mer du Sud, grossi de plusieurs particularités et de plusieurs connaissances qui sont venues par lui et ses camarades, qui en sont revenus par le détroit de Magellan. Après plusieurs échanges avec Frantz Olivié au sujet de cette découverte, il accepta de la publier dans une seconde édition de son Enfer de la flibuste.

Or, cette seconde édition est maintenant disponible, et comme on peut le lire sur sa page de couverture, il s'agit bel et bien d'une édition « augmentée ». En effet, elle compte environ 150 pages de plus que la précédente, notamment, bien sûr, à cause de la nouvelle relation, mais c'est beaucoup plus que cela. En effet, ce que contenait le journal du flibustier Charles (qui y a été ajouté) ainsi que d'autres documents découverts dans le même temps, ou auxquels nous n'avions pas accès en 2016, ont obligé Frantz Olivié à réviser entièrement L'Enfer de la flibuste, tâche à laquelle je l'ai assisté, avec zèle, de toute mon érudition sur le sujet. Cet exercice de révision ne fut pas une sinécure, pas plus d'ailleurs que la transcription d'un vieux document dont l'encre s'était beaucoup estompée avec le temps, encre qui était d'ailleurs de très mauvaise qualité, comme s'en plaignait déjà le missionnaire jésuite de Cayenne qui a copié ce texte, dont l'original est aujourd'hui perdu.

Hormis d'ajouter des éléments inédits servant à la compréhension et la reconstruction du voyage du capitaine Rolle et de ses compagnons, l'intérêt de la relation journalière (car il ne s'agit pas d'un véritable journal) de ce pilote flibustier nommé Charles réside dans la série d'anecdotes de leur quotidien dont elle est parsemée. L'on pourrait certes qualifier certaines de ces anecdotes de futilités, par exemple, lorsqu'il raconte qu'une dent de sagesse pousse à un vieux flibustier édenté à la stupéfaction générale. Pourtant c'est nous qui seront plutôt étonnés d'apprendre que ces hommes se préoccupaient de mode pour ne pas passer pour des gueux à leur retour en territoire français, et en conséquence, de les voir s'improviser couturiers, tailleurs et chapeliers. Peut-être s'agissait-il pour eux de tuer le temps, qui peut être très long en mer, les empêchant, du moins certains d'entre eux, de sombrer dans le jeu, qui pouvait se révéler un véritable fléau à bord.

Charles confirme, par ailleurs, ce que l'on savait déjà par d'autres quant aux pratiques des flibustiers, par exemple les généreuses indemnités dévolues aux estropiés. De même, le peu d'obéissance que les hommes ont envers leur capitaine, et c'est ainsi que François Rolle, pour assoir son autorité, doit à l'occasion menacer de mort les siens, ici pour réfréner leurs ardeurs lors d'une descente contre une place espagnole, là pour faire avorter une presque mutinerie... dont Charles lui-même est l'un des meneurs! De cet esprit réfractaire à l'autorité, le pilote en donne un autre exemple personnel lorsqu'il explique pourquoi il ne voulait pas retourner à Saint-Domingue, nostalgique d'une époque pas si lointaine où tout, là-bas, n'était pas encore si réglé et ordonné. L'on y notera aussi comment les flibustiers pratiquaient, entre eux, une justice sommaire et expéditive qui donne froid dans le dos. Faut-il s'en étonner en ce XVIIe siècle où la torture est intégrée à la procédure judiciaire, et où les peines encourues par les accusés peuvent être particulièrement horribles.

Évidemment, au chapitre des atrocités, les flibustiers ne le cèdent en rien à leurs contemporains car, lorsque réduits à la dernière extrémité, ils savent faire preuve d'une cruauté inouïe... d'autant plus détestable qu'elle est exercée contre des femmes sans défense. Il est vrai que, dans cet univers essentiellement masculin, les femmes se voient presque toujours assigner le rôle de victimes, mais des victimes jugées parfois trop complaisantes envers leurs « tortionnaires ». C'est ainsi que, lors d'un combat contre un navire de guerre espagnol, les bonnes dames du bourg d'Acaponeta et leurs servantes, captives de ces pirates, aident le chirurgien du bord à soigner les blessés. Toutefois, ce n'est pas pour une quelconque attirance pour ces écumeurs des mers. Non! C'est parce qu'elles s'indignent du peu de considération que leurs propres compatriotes ont pour leurs vies contrairement à leurs ravisseurs! Mais, si les flibustiers se préoccupent tant de ces prisonnières, c'est avant tout, bien entendu, par intérêt. Cet intérêt qui guide leurs actions, la religion, omniprésente, vient parfois le modérer. En bons catholiques — du moins ceux qui le sont, et c'est apparemment la majorité —, s'ils ne respectent pas les vases sacrés qu'ils pillent parce qu'ils sont en argent ou en or, ils prennent un soin extrême à ne pas profaner leur contenu. En revanche, les serviteurs de Dieu sont des hommes comme les autres. Ainsi, il est dans l'ordre des choses de mutiler un moine pour activer le paiement d'une rançon ou d'en frapper un autre pour le punir d'avoir voulu s'échapper. Mais, après avoir corrigé ce dernier, ils ne peuvent que plaindre ce bon père d'être tombé entre leurs mains et d'endurer, tout comme eux, tant de misères. Voilà donc ces hommes, violents certes, cruels parfois, mais aussi capables d'une certaine compassion.

Le pilote Charles montre aussi que le quotidien des flibustiers était loin d'être toujours tragique ou dramatique. Pour preuve, le tour pendable qu'ils jouent aux gardiens d'un magasin en bord de mer pour leur faire ravaler les injures dont ceux-ci les abreuvaient, et dont même les victimes s'amuseront. Et si l'adversaire leur rend la pareille, comme cet Espagnol flegmatique qui parvient à les détourner d'une riche prise, ils savent se montrer beaux joueurs. Comment ne pas sourire, encore, à la lecture de cet épisode où s'attablant pour savourer quelque plat encore chaud dans une maison qu'ils viennent d'investir, ils découvrent, dégoûtés, que ce repas providentiel était beaucoup trop pimenté à leur goût. Même à trois siècles de distance, ces hommes ne sont pas si différents de nous... après tout.

Mais comme je l'ai dit, si ce journal constitue l'ajout principal fait à L'Enfer de la flibuste, la nouvelle mouture de celui-ci ne contient pas que cela, car à mon avis — intéressé, il est vrai —, il s'agit d'un tout nouveau livre.

Pour tous ceux que l'« aventure » pourrait tenter, le livre est déjà disponible en version papier, pour moins de 25 euros. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site des Éditions Anacharsis, à l'adresse http://www.editions-anacharsis.com/L-Enfer-de-la-flibuste-2, ou directement sur la page consacrée à l'ouvrage sur celui des Libraries indépendantes pour le commander, si vous êtes en France, chez votre libraire favori. L'ouvrage devrait être éventuellement disponible en version numérique, et en Amérique du Nord (au Canada), sa sortie est prévue pour le mois prochain. Notez toutefois qu'au moment où j'écris ces lignes, la première édition de L'Enfer de la flibuste est toujours disponible en version numérique, alors assurez-vous de vous procurer la bonne édition, celle portant notamment en sous-titre les mots, « Pirates français dans la mer du Sud » et « Édition augmentée ».

Ce livre n'est pas le seul consacré à la piraterie que propose Anacharsis. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter son dépliant promotionnel à ce sujet, Pirates aux mille visages : Le fictif et le réel dans l'histoire des aventuriers des mers.

À ceux qui s'y risqueront, bonne lecture!

26 avril 2021

Des flibustiers en mer Rouge (1691)

Mon dernier article publié sur ce blog faisait référence au pirate Henry Every. Il est bon de savoir que ce capitaine, ses associés et leurs hommes, dont plusieurs étaient des flibustiers, ne furent pas les premiers à se risquer à piller les sujets du Grand Moghol en mer Rouge. Avant eux, il y eut le capitaine George Rayner et ses compagnons.

À l'été 2020, j'avais rédigé quelques notes de recherche sur cette expédition antérieure à celle d'Every. C'était à la demande de Jacques Gasser, quelques mois avant son décès. Elles étaient destinées à lui servir pour la rédaction de son dernier projet, « Les pirates de l'océan Indien 1690-1730 ». C'est pour lui rendre une sorte d'hommage que je publie aujourd'hui les notes que je lui avais alors communiquées. Elles sont disponibles sur la nouvelle version du Diable Volant, maintenant hébergé sur Github, et qui est en reconstruction:

Pour la petite histoire, l'expédition de Rayner et de ses camarades en mer Rouge fut la seconde du genre entreprise par des flibustiers ayant armé aux Antilles. La première est à porter au crédit du capitaine Handley et de sa compagnie lors d'une rocambolesque croisière, beaucoup plus intéressante et intriguante (à mon avis) que celle d'Every ou de Rayner, histoire que je raconterai peut-être un jour.

28 mars 2021

L'étrange méthamorphose de A. O. Exquemelin en J. Esquemeling

Cette curiosité agace les historiens et autres érudits depuis très longtemps déjà : pourquoi, les éditions anglaises originelles (1684) de l'oeuvre d'Alexandre Olivier Exquemelin donnent-elles comme auteur John Esquemeling?

Une réponse simple, et facile, serait (et elle l'est effectivement) que la toute première édition anglaise, celle du libraire William Crooke (1684), a été traduite à partir de l'édition espagnole, commise par le docteur Alonso de Bonne-Maison, qui écrit bien l'avoir faite à partir de :

« ...la Historia nuevamente impresa de los Piratas de la America, que J. Esquemeling, Francés de nación, escribió el año pasado e hizo imprimir en lengua flamenca... »

S'il est indéniable que cette traduction espagnole fut réalisée à partir du livre original en hollandais (De Americaensche zee-roovers), on peut s'interroger, à bon droit, pourquoi le docteur Bonne-Maison dit que l'auteur est J. [pour Jan ou Juan] Esquemelin, alors que cet original désigne celui-ci sous le nom de « A. O. Exquemelin ». S'est-il simplement trompé?

C'était d'autant peu probable qu'un compétiteur du libraire Crooke, nommé Thomas Malthus, fit paraître sa propre traduction anglaise, la même année 1684, qu'il dit avoir fait réaliser à partir d'un exemplaire de l'original hollandais, écrit par « J. Esquemeling ».

Il y a deux ans, lorsque je débutais mes recherches touchant Exquemelin, je tombai par hasard sur la thèse de Henrieke Korten, Boeckeniers zijn gaeuw in het schieten Jan ten Hoorns uitgave Americaensche zee-roovers (2011). À la fin de cette thèse (qui autrement contient maintes erreurs et absurdités touchant le chirurgien français, sa vie et son oeuvre), je trouvai une liste de livres publiés par Jan Claesen ten Hoorn, l'éditeur hollandais d'Exquemelin, et parmi cette liste, cette référence piqua ma curiosité :

Piratica America, of den Americaenschen zee-roover, Jan Esquemeling, 1678. 4°

Mme Korten avait eu la prévenance de citer la source de sa liste : The Short-Title Catalogue, Netherlands (STCN). Une recherche dans cette base de données me révéla qu'il existait bel et bien deux versions différentes de l'édition Ten Hoorn :

  1. Americaensche zee-roovers (1678), par A. O. Exquemelin, celle que tous ceux qui se sont intéressés à la question connaissent, avec son impressionnant frontispice;
  2. Piratica America, of den Americaenschen zee-roover (1678), par Jan Esquemeling, sans le frontispice gravé de la précédente, mais avec une toute nouvelle page de titre.

Le lecteur peut comparer la page de titre de la première provenant de l'exemplaire détenu par la Library of Congress (F2161 .E71) avec celle de la seconde, provenant du seul exemplaire connu de cette version, conservé à la bibliothèque de la Vrije Universiteit Amsterdam (XL.05626).

Voici ce que j'écris à propos de cette seconde version de l'édition hollandaise dans mon étude inédite sur Exquemelin :

Vers le même temps de la publication de l'édition allemande (1679) — peut-on le présumer —, la question du nom de l'auteur et celui du titre de l'ouvrage donna lieu, à Amsterdam même, à une pratique éditoriale assez déroutante. En effet, il apparaît que les derniers exemplaires que Ten Hoorn avait mis en vente dans sa librairie n'avaient pas de frontispice, mais plus important, qu'ils avaient une toute nouvelle page de titre, dont le texte, beaucoup plus bref, reprenait celui bilingue (latin et néerlandais) de la première partie de l'ouvrage : Piratica America, of den Americaenschen zee-roover. Chose encore plus étonnante, au lieu de « A. O. Exquemelin », l'auteur y est maintenant désigné sous le nom de « Jan Esquemeling ». Un seul exemplaire de cette version semble encore exister aujourd'hui, et il est conservé à la bibliothèque de l'université libre d'Amsterdam.

Pourquoi Ten Hoorn a-t-il procédé à ces changements pour le moins radicaux? Cette nouvelle page de titre semble d'ailleurs avoir été faite à la hâte, puisque le titre abrégé qui y figure a été composé avec exactement les mêmes caractères typographiques, de taille et de disposition identiques, que celle du titre de la première partie de l'ouvrage dont il s'est inspiré. Exquemelin a-t-il demandé lui-même au libraire de faire cette modification? C'est l'hypothèse la plus plausible. Alors pourquoi? Exquemelin était-il insatisfait du produit fini, car il était vraisemblablement absent d'Amsterdam lorsque le livre sortit des presses de Ten Hoorn? Quelqu'un avait-il remis au libraire le manuscrit sans l'autorisation de l'auteur? Si non, alors ce livre faisait-il à Exquemelin une publicité dont il n'avait pas besoin, compte tenu de ses ambitions? Lui avait-on, en effet, fait savoir que la position à laquelle il aspirait lui serait refusée si son nom était associé à un tel ouvrage? Ou plutôt à celui de l'éditeur qui n'avait pas la meilleure des réputations. Il est difficile de trancher. Une chose demeure : ces changements surviennent alors qu'Exquemelin quitte le service de l'Amirauté d'Amsterdam pour s'établir dans la ville et y exercer officiellement sa profession.

Pour ceux que la chose pourrait intéresser, vous pouvez consulter mes Collations sommaires des premières éditions de l'oeuvre d'Alexandre Olivier Exquemelin 1678-1699, contenant les liens vers les copies numériques les plus complètes de ces éditions que j'ai pu trouver.

25 février 2021

En feuilletant Exquemelin : le capitaine Roc, dit le Brésilien

Le 30 janvier dernier, je mentionnais l'étude inédite que j'avais faite concernant Exquemelin et son oeuvre.

Aujourd'hui, je vous propose, dans la même veine, une analyse de ce qu'Exquemelin raconte à propos du flibustier d'origine néerlandaise Roc le Brésilien (ou Rock Brasiliano, dans les versions anglaises), réputé pour sa cruauté envers les Espagnols. Il s'agit en fait d'une analyse comparée, comparée avec les sources manuscrites, autrement dit les documents d'archives. On pourra y constater que si certaines conclusions concernant le capitaine Roc, que l'on trouve dans les dictionnaires de pirates, reproduites ensuite bêtement dans Wikipedia, d'autres ne sont pas suffisamment étayées par les sources. Vous pourrez surtout y voir (ce qui est plutôt rare) le processus de réflexion qui conduit à accepter ou non certains faits qui sont rapportés par un chroniqueur comme Exquemelin. En effet, j'y arrive notamment à la conclusion que ce que ce chroniqueur rapporte à propos de ce capitaine (qu'il a pu rencontrer par ailleurs lors de l'entreprise de Panama) n'est que ouï-dire, et c'est pourquoi il est difficile de concilier son récit avec les autres sources contemporaines qui font référence à ce capitaine. Mais attention! Cela ne signifie pas pour autant qu'Exquemelin ne soit pas une source fiable pour ce qu'il rapporte ailleurs dans ses écrits.

Roc le Brésilien, de son nom véritable Gerrit Gerritsen, fut capitaine flibustier à la Jamaïque (où on le surnommait simplement Rocky), par intermittence seulement (comme plusieurs de ses contemporains), de 1665 à 1669. Durant la décennie suivante, il poursuivit sa carrière avec les Français de Saint-Domingue, et il finit pendu à Curaçao vers 1681 dans des circonstances qui demeurent obscures, ce dernier point étant un élément biographique tout à fait inédit.

Pour en savoir plus, consulter le texte En feuillant Exquemelin : le cas de Roc le Brésilien.

07 février 2021

Anthologie de documents d'époque touchant la piraterie

Kris Lane et Arne Bialuschewski (éd.), Piracy in the Early Modern Era: An Anthology of Sources (Indianapolis: Hackett Publishing Company, Inc., 2019), 200 p. — https://www.hackettpublishing.com/piracy-in-the-early-modern-era-4323

Cette intéressante petite anthologie propose une sélection de documents d'époque concernant presque tous les aspects de la piraterie, au sens large, sur une période de deux siècles, 1520 à 1720. Plusieurs des documents qui la composent se rapportent d'ailleurs aux flibustiers des Antilles. Chaque texte est précédé d'une courte mise en contexte, et plusieurs d'entre eux sont suivis d'une série de questions pour alimenter la réflexion sur le sujet présenté. Destiné d'abord et avant tout pour l'enseignement de l'histoire, cette anthologie ne manquera pas toutefois de plaire à tous ceux qui s'intéressent au phénomène de la piraterie durant ce que l'on pourrait appeler son âge d'or, du point de vue occidental.

Les auteurs, les professeurs Lane et Bialuschewski, comptent parmi les plus éminents spécialistes de la piraterie du début de l'époque moderne.

Leur livre peut être prévisualisé sur Google Books.

06 février 2021

Mésaventures de certains camarades de William Dampier en Asie du Sud-Est

Dans les derniers jours de 2019, j'ai coécrit un petit texte, en anglais, avec un sympathique professeur australien à la retraite, Andrew F. Smith, collaborateur du Borneo Research Bulletin. L'article en question, concluait deux autres commis précédemment par le professeur Smith à propos d'un aventurier d'origine irlandaise nommé Thomas Gullock, ancien flibustier des Antilles devenu un marchand peu scrupuleux, en lien avec les pirates européens qui fréquentèrent l'océan Indien à la fin des années 1690 et au début des années 1700.

Gullock avait appartenu à l'équipage du Cygnet, capitaine Charles Swan, qui fut l'un des rares capitaines non-espagnols à avoir traversé la grande mer du Sud (l'océan Pacifique) au XVIIe siècle. Il avait donc été l'un des compagnons de William Dampier. 

Je n'ai évidemment pas pu inclure toutes les trouvailles (et elles sont nombreuses) que j'ai faites concernant les aventures « asiatiques » des flibustiers du Cygnet, qui revenaient de faire la course contre les Espagnols aux côtes pacifiques des Amériques.  Le séjour de plusieurs mois que ces flibustiers firent chez le sultan de Mindanao (aux Philippines) a été peu étudié, ainsi que les circonstances de la décision du deux tiers d'entre eux d'abandonner leur capitaine et ses partisans chez ce monarque musulman. De même, la course subséquente du Cygnet, sous leur conduite, vers la mer de Chine méridionale jusqu'à Madagascar, et le sort de ceux qui, comme Gullock, demeurèrent à Mindanao.

La référence de l'article est la suivante :

Andrew F. Smith et Raynald Laprise, « Thomas Gullocks's arrival in the East Indies », Borneo Research Bulletin, vol. 50 (2019), p. 25-31.

Une copie de ce texte peut être lue dans The Free Library. Malheureusement, l'article n'y est pas mis en forme, et cela peut rendre sa lecture un peu ardue.

30 janvier 2021

Pour en finir avec les faussetées écrites à propos d'Exquemelin et son livre

Parmi les projets de recherche sur lesquels je travaille depuis ces deux ou trois dernières années, il y en a un qui concerne Alexandre Olivier Exquemelin. Pour une partie, mon défunt ami Jacques Gasser avait également contribué à ce projet : il en fut d'ailleurs l'instigateur grâce à quelques découvertes qu'il avait faites, notamment, dans les archives des anciens notaires d'Amsterdam.

Aujourd'hui encore, l'oeuvre d'Exquemelin(1) demeure un témoignage incontournable pour qui étudie l'histoire des flibustiers, bien qu'elle soit plus que cela, puisqu'elle présente des renseignements intéressant les sciences naturelles, la géographie et l'ethnographie de l'Amérique du XVIIe siècle.

Or, depuis plus de trois siècles, bien des choses, pour la plupart fausses, ont été écrites sur l'auteur et son oeuvre alors que nous ne savons pratiquement rien ni de l'un ni de l'autre. Pourtant, il y a bien longtemps, un érudit néerlandais avait montré où il fallait orienter les recherches concernant l'auteur, c'est-à-dire dans les archives de son pays : il y avait découvert que l'homme était originaire de Honfleur, qu'il avait été résident d'Amsterdam et membre de la guilde des chirurgiens de cette ville(2). Beaucoup plus tard, puisant aux mêmes sources, on trouvait une procuration donnée par Exquemelin en 1674. Entre ces deux découvertes, un étudiant en médecine faisant du chirurgien honfleurais l'objet de sa thèse, en donnait une biographie fort détaillée... qui se révéla être, une vaste supercherie(3)! L'oeuvre n'a guère été mieux servie. Aussi souvent citée que critiquée par les historiens, proie également des spécialistes de la littérature, elle n'a jamais fait l'objet d'une véritable édition critique(4).

Une relecture, à la fois de l'homme et de son oeuvre, s'impose donc. Je l'ai refaite, à la lumière de renseignements inédits, qui montre notamment qu'Exquemelin était polyglotte et catholique — aspect essentiel, car l'on a beaucoup brodé sur le thème de sa religion —, qu'il fut engagé dans la traite négrière et que, dans les dernières années de sa vie, il résidait dans une cité bien connue de France. Dans la foulée, j'ai ré-analysées les premières éditions de son oeuvre.

Mon travail ne prétend évidemment pas être une biographie complète de l'homme, pas plus qu'il ne constitue une étude exhaustive de ses écrits. Son objectif, plus modeste, est de proposer un nouveau canevas pour les chercheurs qui étudieront Exquemelin à l'avenir.

Pourquoi je ne présente pas le fruit de mon travail aujourd'hui dans ces pages? C'est parce que je suis toujours en réflexion quant à savoir si je dois chercher un éditeur ou non pour publier cette recherche inédite. Le problème auquel je suis confronté dans cette quête est que mon texte est beaucoup trop long pour une revue savante, mais trop court pour en faire livre. À suivre...

 


Notes

(1) La première édition française est intitulée Histoire des avanturiers qui se sont signalez dans les Indes, contenant ce qu'ils ont fait de plus remarquable depuis vingt années (Paris: Jacques Le Febvre, 1686), 2 vol. Un copie numérique de cet ouvrage, réalisée à partir de l'exemplaire  détenue par la John Carter Brown Library (cote F686 .E96h v. 1-2), est disponible en ligne dans Internet Archive, aux adresses suivantes : https://archive.org/details/histoiredesavant01exqu et https://archive.org/details/histoiredesavant02exqu.

(2) Leonardus Cornelis Vrijman, « L'identité d'Exquemelin : Les premières éditions de l'Histoire des Avanturiers », Bulletin de la Section de géographie du Comité des travaux historiques et scientifiques, T. XLVIII (1933), p. 43-57.

(3) Michel-Christian Camus, « Une note critique à propos d'Exquemelin », Revue française d'histoire d'outre-mer, T. 77, no 286 (1er trimestre 1990), p. 79-90. — La thèse fautive est l'oeuvre de Henri Pignet, Alexandre-Olivier Exquemelin, chirurgien des aventuriers 1646-1707 (Montpellier: Imprimerie de La Presse, 1939), 135 p. Les élucubrations de Pignet sont (malheureusement) passées en anglais à cause d'un texte de Herman de la Fontaine Verwey, « The ship's surgeon Exquemelin and his book on the buccaneers », Quaerendo, 4, no 2 (janvier 1674), p. 109-131.

(4) Un effort louable fut fait en ce sens par Réal Ouellet et Patrick Villiers (Alexandre-Olivier Exquemelin, Histoire des aventuriers flibustiers [Québec/Paris: Presses de l'Université Laval/Sorbonne Université Presses, 2005], 595 p.), mais avec le recul des années, le résultat est tout sauf convainquant. 


05 juin 2017

Nouveau dictionnaire biographique des flibustiers français

Pour ceux qui s'intéressent sérieusement aux flibustiers, le nom de Jacques Gasser n'est pas inconnu. Ici et là, dans quelques revues savantes, vous avez peut-être lu ses textes sur le sujet. Si non, vous avez vu son nom cité par d'autres auteurs qui ont traité de la piraterie, car son travail est devenu, au fil des ans, une référence dans le domaine. En effet, depuis une trentaine d'années, cet infatigable travailleur de l'ombre traque les flibustiers français des Antilles dans les dépôts d'archives, de Paris à Séville, en passant par Londres et Amsterdam. 

Jacques Gasser nous propose aujourd'hui une partie des résultats de cette quête. Il avait déjà rédigé plusieurs des notices des flibustiers français du Dictionnaire des corsaires et pirates édité par le CNRS en 2013 sous la direction de MM. Gilbert Buti et Philippe Hrodej. Maintenant, il publie son propre Dictionnaire des flibustiers des Caraïbes, justement sous-titré « corsaires et pirates français au XVIIème siècle ». En effet, ici ce dont il est question ce sont bien majoritairement des Français qui ont été flibustiers à la Tortue, Saint-Domingue et la Martinique, à qui viennent se greffer quelques étrangers (Anglais, Néerlandais ou Espagnols) qui leur ont été associés. L'on y retrouvera évidemment des figures emblématiques de la flibuste, popularisées dès le 17e siècle par le livre d'Exquemelin, telles que L'Olonnais et son associé Michel d'Aristigny, le sieur de Grammont, Laurent De Graffe ou encore Étienne Montauban, mais aussi des chefs moins connus tels que Michel Andresson, François Trébutor, Jean Tocard, Pierre Bréha, Pierre Godefroy, Jean Fantin ou Cornelius Kelly. Aux côtés des capitaines, le lecteur découvrira également quelques officiers et hommes d'équipage. Par exemple, ceux de la compagnie du capitaine François Rolle, qui ont passé près d'une décennie dans la mer du Sud, sortent enfin de l'ombre. C'est d'ailleurs l'un des intérêts de ce dictionnaire : présenter au public ces personnages obscurs de la flibuste, qui ne sont parfois connu que par un seul événement de leur carrière. C'est aussi l'occasion pour l'auteur de montrer toute son érudition sur le sujet, et de nous raconter, dans un style vivant et accessible, telle expédition contre une place espagnole ou telle capture de navire, ponctuant alors son récit de citations provenant de flibustiers eux-mêmes ou de leurs contemporains.

Nul doute, ce dictionnaire fera date dans la recherche historique sur les flibustiers des Antilles.

Jacques Gasser. Dictionnaire des flibustiers des Caraïbes : corsaires et pirates français au XVIIème siècle. Les Sables d'Olonne: Éditions de Beaupré, 2017, 510 p. — http://www.editionsdebeaupre.fr/shop/dico-des-flibustiers/

R.L.

18 septembre 2016

Les flibustiers en mer du Sud, 1686-1695

La semaine dernière est paru, aux Édition Anacharsis, un livre intitulé L'Enfer de la flibuste, centré autour de la relation anonyme d'un voyage à la mer du Sud fait par certains flibustiers de Saint-Domingue (1686-1690), formant la première partie du Manuscrit Français no. 385, conservée à la Bibliothèque nationale de France.

Ce n'est pas la première fois que ce très intéressant document est présenté au public. Il y a plus d'un siècle, Édouard Ducéré l'avait publié en deux parties, presque in extenso, dans le  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  et  arts de Bayonne (1894-1895). Plus récemment (2011), il a été traduit et publié en anglais par Peter T. Bradley dans son ouvrage The Last Buccaneers in the South Sea 1686-1695, avec certains documents espagnols provenant de l'Archivo general de Indias relatifs à cette affaire.

Outre une transcription de relation, L'Enfer de la flibuste se démarque de ces deux prédécesseurs en racontant l'ensemble du voyage en mer du Sud effectué par le capitaine François Rolles et de sa compagnie, de 1686 à 1695, en utilisant des sources d'archives souvent inédites, notamment l'échange de correspondance entre le capitaine Rolles et les autorités du district d'Acaponeta, au Mexique, durant le long séjour que les flibustiers y firent.

Je dois également souligner l'excellent travail de rédaction que Frantz Olivié a réalisé en établissant cette nouvelle édition de la relation anonyme, notamment le prologue du livre, le meilleur que j'ai pu lire sur les flibustiers depuis 20 ans, toutes langues confondues.

Enfin, par souci d'honnêteté et de transparence, je dois vous avouer, chers lecteurs, avoir collaboré à l'entreprise, à titre gracieux... mais surtout avec beaucoup de plaisir. Ma contribution s'est toutefois limitée à fournir à M. Olivié diverses transcriptions de documents espagnols que j'avais faites aux fins de mes propres travaux durant l'été 2015, et à partager avec lui mes constats quant à cette expédition particulière des flibustiers, et à leur histoire en général.


R.L.


04 mai 2011

Ici et là sur le web

Depuis quelque temps déjà, la Canadian Association for the Advancement of Netherlandic Studies (en français, «Association canadienne pour l'avancement des études néerlandaises») rend disponible sur son site web la plupart des numéros de son Canadian Journal for Netherlandic Studies  en format pdf (http://www.caans-acaen.ca/Journal/issues_online/index.html). Voici les liens vers quatre articles touchant les flibustiers, dont un a été rédigé par votre serviteur en 2006 :



Je souligne également quatre autres courts textes plus récents de l'historien canadien Marley, traduit en français par son compatriote le professeur Kingstone, de l'université de Windsor, en Ontario, qui sont également disponibles en ligne sur le site de la Généalogie et Histoire de la Caraïbe, mais en format rtf cette fois :

  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Nau l’Olonnais à Maracaibo : un rapport espagnol, janvier 1667» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 217 (septembre 2008), pp. 5638-5639 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc217/som217.html
  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Trois flibustiers à déporter de Veracruz, juin 1673» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 221 (janvier 2009), pp. 5768-5770 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc221/som221.html
  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Un des premiers flibustiers : la déclaration de Jean Rais, 1657» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 226 (juin 2009), pp. 5908-5910 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc226/som226.html
  • David F. Marley et Basil D. Kingstone, «Un survivant d’Antica : le témoignage oculaire de Jean de la Haye, Venezuela, 1657» in Généalogie et Histoire de la Caraïbe no. 230 (novembre 2009), pp. 6110-6113 [en ligne] http://www.ghcaraibe.org/bul/ghc230/som230.html
L'initiative des éditeurs de ces deux revues sera, à coup sûr, grandement apprécié par tous ceux qui manifestent un intérêt pour les flibustiers et leur histoire.

Nous vous rappelons de respecter les droits d'auteur afin que de telles initiatives soient possibles, et continuent de l'être.

R. L.