Le temps passe, et aussi les gens. Chaque personne qui quitte ce monde, que l'on connaît parfois juste de nom ou de réputation, nous rappelle combien la vie est courte et combien le temps file inexorablement. On se dit comme ça, « Tiens, un tel qui est mort! », et cette pensée, un peu égoïste, s'insinue aussitôt à l'esprit : « Ma foi, je deviens vieux! », et puis on passe à autre chose. En voilà un qui vient tout juste de partir, et pour lequel je ferai pourtant une exception en mentionnant ici son décès, et vous comprendez aisément pourquoi.
Je ne connaissais pas personnellement l'historien et paléographe américain John de Bry, mais c'est un chercheur dont j'ai croisé le nom à plusieurs reprises au cours du dernier quart de siècle. Par son travail, il a contribué certainement à dépoussiérer un peu l'histoire des flibustiers, ou si l'on veut des pirates. Pour lui rendre hommage, je laisse ici la parole à ceux qui l'ont véritablement côtoyé, ses amis et collègues de l'association Archéologie de la Piraterie. C'est un bel hommage alors pourquoi s'en priver. Voici donc ce que Jean Soulat et son association partageait sur leur page Facebook, ce mercredi 5 février :
« Chers amis,
« Nous venons d'apprendre avec une grande tristesse le décès de notre collègue et ami John de Bry qui avait fondé avec Jean Soulat le programme de recherche devenu Association, Archéologie de la Piraterie. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.
« Détenteur d'un doctorat à l'EPHE, John de Bry était un grand historien, paléographe et archéologue franco-américain, spécialiste des épaves, qui a pu mettre ses compétences aux services des plus belles découvertes archéologiques sous-marines notamment l'épave de La Belle qui a fait naufrage en 1686 ou l'épave du Whydah Galley coulé en 1717.
« Tout au long de sa vie, il a toujours multiplié les collaborations avec de nombreux chercheurs en matière d'expertise d'objets venant des épaves des 17e-18e siècles notamment sur l'île de Sainte-Marie dans les années 2000. C'est clairement grâce à John de Bry que nous menons nos recherches sur l'île aujourd'hui.
« Il avait fait la connaissance de Jean Soulat en 2018 pour la préparation de l'ouvrage Archéologie de la Piraterie, aux éditions Mergoil, fin 2019. Cette collaboration a permis de créer notre programme de recherche. Fruit de ce travail, un premier article en anglais a été publié en 2019 dans le Journal of Caribbean Archaeology du prestigieux Florida Museum. Suivront plusieurs articles dont le dernier, paru en mars 2024, dans la revue Afriques, avec la présentation de nos recherches menées en mai 2022 à Sainte-Marie où nous avions fait venir John de Bry sur place, son dernier voyage sur l'île.
« Il est d'ailleurs présent dans le documentaire La véritable histoire des pirates, de Gedeon Programmes, qui met en lumière les investigations de 2022. Encore une fois, c'est grâce à John que nous devons ce film puisqu'il avait toutes les connexions françaises et malgaches, une pensée pour Jean-Aimé Rakotoarisoa, à Stéphane Millière et Michel L’Hour qui l'ont bien connu.
« Il laissera un grand vide dans la thématique de recherche qu'est l'archéologie de la piraterie. Et nous garderons en souvenir les bons moments passés ensemble.
« John, tu vas nous manquer. Merci pour tout.
« Bon vent au gré des flots Matelot. »
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