« Les paroles s'envolent, les écrits restent. » Les flibustiers, entrepreneurs de guerre, connaissaient bien en affaires la supériorité de l'écrit sur la parole, même s'ils ne savaient pas tous lire et écrire. Outre la commission qui les autorisait à prendre sur l'ennemi du moment, le document auquel il attachait le plus d'importance était la charte-partie, ce contrat qui réglait entre eux et leur capitaine le détail du voyage à venir. Contrairement à la commission, qui était souvent enregistrée auprès d'un greffier au départ du port, la charte-partie était un document de nature essentiellement privée, qui ne devenait public qu'à l'occasion de rares poursuites judiciaires impliquant les contractants. C'est pourquoi, sans doute, peu de charte-parties de flibustiers ont survécu jusqu'à nos jours. En fait, dans de petites sociétés de quelques milliers de personnes comme celles des colonies de la Jamaïque et de Saint-Domingue au 17e siècle, tout capitaine flibustier devait tenir parole et respecter sa signature ou la marque qui en tenait lieu au risque de ne pas faire une très longue carrière.
C'est l'une de ces chartes-parties que je me propose ici d'analyser. À bien des égards, il s'agit d'un document exceptionnel, car, à ma connaissance, c'est la seul contrat d'armement conclu entre plusieurs capitaines flibustiers et leurs compagnies respectives qui soit parvenu jusqu'à nous. Et elle concerne le plus fameux des flibustiers, Henry Morgan.
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R.L.
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