Le 1er avril dernier, l'agence Associated Press (AP) publiait une curieuse histoire touchant la découverte, au Rhode Island, de pièces de monnaie d'origine arabe, découverte remontant à plusieurs années déjà. Selon le « détectoriste » — et historien amateur — Jim Bailey, auteur de cette découverte, ces pièces proviendraient de la prise du Ganj-i-Sawai, navire appartenant au Grand Moghol, prise réalisée par le pirate Henry Every en 1695. Plusieurs médias américains, scientifiques ou non, ont relayé la nouvelle; je l'ai moi-même lue pour la première fois dans le Smithsonian Magazine. En France, également, d'abord Le Monde, puis Le Figaro, ont emboîté le pas à l'AP.
Même si cette histoire n'est pas un poisson d'avril — sauf pour les médias qui l'ont publié et qui sont eux les dindons la farce —, elle repose sur des hypothèses qui, lorsque l'on s'y attarde un peu, ne tiennent pas la route. C'est l'exercice auquel s'est d'ailleurs livré Oliver Hoover, curateur adjoint de l'American Numismatic Society (ANS), dans un brillant petit texte publié sur Pocket Change, le blog de l'ANS.
Nous avons ici la preuve, encore une fois — et toujours une fois de trop —, que l'expression « historien amateur » rime avec amateurisme. C'est dommage pour ceux qui pratiquent l'histoire, ou toute autre discipline scientifique, en amateurs avec méthode et rigueur.
Pour ce qui est du capitaine Every, il y a des choses beaucoup plus intéressantes à apprendre à son sujet, et que ne savent pas toujours nos confrères anglais, puisque publié en français. Je vous invite donc à redécouvrir un vieux texte de Jacques Gasser sur les pirates en mer Rouge, où vous y retrouverez le fameux capitaine Every.
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